Comment voyager sans argent autour du monde ! Interview

voyager sans argent, récit d'un voyage sans argent

Durant mon séjour en Colombie, j’ai eu la chance de rencontrer Mathieu, (un Français de 26 ans) qui m’a expliquer comment voyager sans argent autour du monde. Ce qu’il fait depuis plus de 5 ans ! Ce fut très intéressant pour moi de discuter avec lui, d’avoir son opinion et ses conseils de voyageur averti. J’ai donc eu l’idée de lui proposer une interview, ce qu’il a accepté !

Voici son témoignage…


Pourquoi es-tu parti voyager sans argent ? Et pourquoi as-tu choisi de partir seul ?

À la base je pensais partir seulement un an, faire l’année classique de voyage entre mes études et mon entrée en entreprise. Étant de Clermont-Ferrand, je pensais entrer chez Michelin (la grande classique pour un Clermontois) et y faire carrière. Je voyais donc cette année de transition comme ma seule véritable option pour voyager.

Et seul, car le but du voyage était d’apprendre le plus de choses possible, et qu’en voyageant seul, on en découvre aussi énormément sur soi-même.

Je suis parti seul et paradoxalement c’est lorsque je voyage seul que je rencontre le plus de personnes. Car on se doit de toujours se tourner vers les autres en voyageant seul.


  • Combien de pays as-tu visité jusqu’à maintenant ? As-tu un ou des pays préférés ?

Aujourd’hui, après 5 ans de voyage, j’en suis à 65 pays sur 5 continents. L’Inde est l’un des pays qui m’a le plus marqué de par sa diversité, en termes de religion, de paysages, de climats, d’histoire et de façons de penser…

C’est aussi le seul pays où j’ai eu l’impression d’être sur une autre planète tant tout était différent.

L’une des raisons qui me fait voyager est la soif d’apprendre ! Et en Inde on est constamment amené à déconstruire sa façon de penser et son savoir, pour essayer de comprendre les différentes manières de vivre et de penser du pays. C’est un apprentissage très enrichissant !

Muslim celebration in Udaipur, Rajahstan

Ensuite, je dirais le monde Arabo-Musulman en général qui est également très intéressant d’un point de vue humain (Egypte, Palestine, Jordanie et Maroc en ce qui me concerne).

Je crois qu’il est écrit dans le Coran d’accueillir le voyageur comme si c’était le prophète, et c’est ce qui s’est passé pour moi à chaque fois. Je n’ai jamais été aussi bien accueilli que dans ces pays.


  • Tu devais partir 1 an, quels étaient tes envies, espérances, souhaits ?

J’ai toujours été très curieux et j’essaie d’avoir des connaissances dans tous types de domaines. L’idée de partir un an était donc d’apprendre un peu de tout dans les divers pays parcourus. Que ce soit des connaissances linguistiques, des façons de vivre, des manières de construite, apprendre l’agriculture ou même plus simplement étudier les différents rapports que peuvent avoir les êtres humains entre eux.


  • Au final, ça fait 5 ans que tu es sur la route… comment finances-tu ce voyage et pourquoi as-tu continué ?

J’ai continué ce voyage tout simplement car je me suis rendu compte qu’il était possible de vivre sur la route pour une durée indéterminée. Avant de voyager je pensais qu’il fallait travailler un certain temps, économiser, puis voyager avec l’argent épargné, le voyage étant de type « vacances ».

Au final, je me suis rendu compte que le voyage pouvait être un vrai mode de vie en tant que tel ! Et ce mode de vie me plait, donc je l’ai choisi.

J’ai d’abord appris à voyager avec très peu d’argent, voire sans argent. Ça a été l’une des choses les plus importantes pour moi car ça me ramène à ce que j’appelle le « vrai voyage », où chaque rapport à l’autre et chaque rencontre est basée sur un échange, une volonté de découvrir l’autre et d’apprendre d’autrui.

Le fait de bosser pour son repas (par exemple en allant proposer aux restaurants de faire le ménage ou la plonge contre un repas), de partager la nourriture récupérée dans les poubelles avec tous les autres voyageurs de la ville ou de frapper aux portes pour demander le gite et le couvert en échange d’un coup de main, créé un rapport humain, vrai et direct avec les gens.

Cela permet de sortir du rapport pas forcement plaisant touriste venant d’un pays riche/commerçant de pays en développement.

voyage autour du monde

Volunteering in Terre Neuve, Canada


Le truc cool quand on voyage sans argent est qu’on est obligé d’interagir sans arrêt avec les autres pour pouvoir vivre. Que ce soit pour se déplacer (en stop majoritairement) pour manger (en demandant les invendus ou le couvert chez quelqu’un en échange d’un coup de main) ou un toit pour dormir (en demandant aux gens où sont les squats, les églises ou bien en dormant chez l’habitant).

Ça m’a fait évolué dans ma façon d’interagir avec les gens. Avant de voyager j’aurais eu tendance à penser qu’en allant demander aux gens si je pouvais dormir chez eux j’allais les importuner…mais dans les faits, les gens étaient juste heureux d’accueillir quelqu’un et de rencontrer quelqu’un.


tour du monde sans argent, il l'a fait

Crossing Nepal, hitchhiking with the army because cars were forbidden this day(we did 60 km hitchhiking with a tractor before going with the army) 


  • Qu’as-tu appris ? Ou comment cela a t’il affecté ta conception de la vie ? Qu’est ce qui t’as changé ? Et pourquoi ?

Je pense avoir appris énormément de choses en voyageant. Les lister serait impossible mais pour établir une comparaison je pense apprendre plus de choses en 3 mois de voyage qu’en un an d’études.

Le voyage constitue un concentré de plusieurs vies en une seule où l’on est sans arrêt dans l’apprentissage. La moindre discussion avec un local va permettre d’apprendre et de comprendre beaucoup de choses. Ce qui m’a vraiment changé a été de comprendre qu’avoir la même vie que ses voisins, avoir une carrière, un CDI, une belle maison et une belle voiture n’était pas forcément le but de la vie et qu’apprendre des choses, ou faire du bénévolat pour aider les autres et vaincre la monotonie de la vie sédentaire en bougeant constamment pouvaient être bien plus jouissifs.


C’est évidemment difficile de voir sa famille et ses amis quand on est sur la route. J’essaie de combattre ça en repassant en France tous les 6 à 10 mois pour une ou deux semaines.

Le coup de blues qui m’arrive de temps en temps est de me demander ce que je fais dans un pays quand je n’y ai pas de projet précis. Je me pose donc un ou deux jours afin de trouver un projet concret pour « booster » le voyage.

interview d'un tour du monde en solitaire de mathieu

Wadi Rum, Jordanie

One of the most beautiful place i have ever seen !


Pour en revenir à la question précédente, je crois qu’il m’est important désormais d’avoir des projets en voyageant. La première année de voyage a plus été une année découverte qu’autre chose sans projet précis.

Mais pour continuer dans le voyage il me semble qu’il faille voir plus loin et avoir des projets et des objectifs précis. Je crois qu’il est difficile de ne pas être un peu « blasé » en voyageant sur le long terme.

Visiter des villes, par exemple, n’a plus grand  intérêt pour moi. J’ai du mal à m’émerveiller et ai toujours une impression de redondance.

Je crois qu’en terme de monuments/musées/stades (car je regarde également beaucoup de sport quand je le peux) je deviens un peu « blasé », et donc difficile à impressionner.

Volcano boarding, NicaraguaAmazing !!!


Par contre la nature continue de m’impressionner de jour en jour. J’ai récemment observé des tortues de mer géantes, des lions de mer et des pingouins tropicaux au Pérou… J’étais émerveillé comme un gosse !

Mais je crois que ce n’est qu’une interprétation personnelle et que d’autres voyageurs au long terme ne se blasent pas facilement.


  • On en a un peu parlé mais, peux-tu développer la différence entre faire un tour du monde d’un an et voyager plusieurs années ?

Pour moi, c’est la différence entre considérer son voyage comme des vacances,une aparté à sa vie que l’on retrouve en rentrant, et un état d’esprit et une façon de vivre désormé ancré en nous, le fait de se considérer comme nomade avec tout ce que cela implique (une vision sur le long terme, le sentiment d’être à sa place partout dans le monde, la vision de la vie comme un grand voyage où l’on se concentre sur l’essentiel, à savoir, apprendre des choses et se sentir heureux plutôt que de posséder des biens matériels).


  • Qu’est-ce qui te motive à continuer ?

Je ne me vois pas vivre plusieurs années au même endroit à exercer le même métier et fréquenter les mêmes personnes tous les jours.

J'ai une soif de découvrir, de voir et d'apprendre, que seul le voyage peut satisfaire pour le moment.Click to Tweet

  • Envisages-tu ce style de vie en famille ?

La vie de famille n’est pas pour moi, mais en ayant rencontré pas mal de familles en voyage, j’ai pu constater qu’avec des parents structurés et intelligents, les enfants voyageant en camion ou en voiliers par exemple, étaient pour la plupart très en avance sur les autres enfants de leur âge dans la plupart des domaines (langues, autonomie, compréhension du monde…etc).

Il n’est donc pas impossible d’avoir ce style de vie en famille, mais pour l’heure, ce n’est pas au programme ! 😉


  • Te donnes tu un âge limite pour te poser ? Et souhaites-tu même te poser ?

Oui je compte me poser. Mais seulement le jour où mon envie de réaliser un grand projet (qu’il soit communautaire ou humanitaire) surpassera mon envie d’apprendre des choses et ma soif de découverte. Cela peut être dans 5 ans comme dans 15, l’avenir nous le dira!

voyager autour du monde sans argent

Without any place to sleep, we chose this one ! Chypre


  • As-tu envie de vivre à l’étranger ?

Je pourrais aussi bien vivre à l’étranger qu’en France, tout dépend du projet. Plus on voyage, plus on se rend compte de la chance que l’on a d’être Français. Notamment en ce qui concerne l’éducation et la santé.


  • Apprécies-tu toujours autant les rencontres ?

Oui et non. J’aime toujours autant aller vers l’autre et rencontrer les gens. Mais maintenant j’abrège de plus en plus les discussions qui ne vont nulle part. Je préfère me concentrer sur des rencontres avec des gens qui amèneront une vraie plus-value dans la discussion.


  • Que t’apportent les rencontres avec les locaux ? Et avec les voyageurs ?

Les rencontres avec locaux et voyageurs sont assez différentes dans le sens où avec les locaux on échange sur des modes de vie et la vie quotidienne. Alors qu’avec les voyageurs on se refile des bons plans, on se donne des conseils de voyage et on est également plus à même de se rencontrer facilement pour boire un verre ou une partie de cartes spontanée.

Ça fait aussi du bien de temps en temps de se retrouver entre français. Parler français et parler de choses qu’on a en commun au pays pour se ressourcer.

Burning man 2016, USA


Avant de partir je parlais Français, j’avais un très bon niveau d’Anglais, un Espagnol très moyen et des notions de russe.

Aujourd’hui, je parle couramment Anglais et Espagnol. Je me débrouille en Polonais et en Portugais. Et je peux communiquer un peu en Russe et en Hollandais.


  • Qu’est-ce qui t’a particulièrement marqué pendant ton périple ? Que retiens-tu de ce vécu ? Comment envisages-tu la suite de ton voyage et de ta vie ?

Je l’attends comme Trainspotting 2, j’espère un chef d’oeuvre mais tout peut arriver.

Surement quelques années à barouder, quelques gros projets humanitaires puis m’installer dans une communauté avant de reprendre la route quand elle m’appellera de nouveau…


  • Peux-tu nous raconter ta plus belle rencontre ou un événement marquant de cette incroyable aventure humaine ?

      J’ai rencontré beaucoup de mes meilleurs amis en voyageant. Mais le plus marquant restera sans doute une ex, rencontrée à Wroclaw, en Pologne. Je voyageais comme un pauvre, habillé n’importe comment et je buvais de la Vodka pure avec les clodos de Pologne.   Et là on a rencontré cette fille magnifique… Une petite bourgeoise avec qui on passe finalement la soirée. À  la fin de cette soirée, je lui lance :      

« Prépares un sac à dos, on part pour un tour du monde » « rendez-vous demain à 1 h devant ce bar… »

…et elle est venue !  

On est partis vagabonder ensemble pendant un an et demi en stop, un peu partout dans le monde. Un monde qui n’était pas du tout le sien à la base. On est notamment partis en stop, d’Egypte jusqu’en Jordanie, en passant par Israel et la Palestine où, bien qu’étant juive d’origine, elle s’est retrouvée bénévole à construire des maisons pour les palestiniens.


  • As-tu des regrets ? Changerais-tu quelque chose ?

Non pas vraiment. En voyageant on est sans cesse amené à prendre des décisions, ce qui est plutôt sympa… On choisit absolument tout, alors non, pas de regret !


  • Avec ton expérience.. Que conseillerais-tu a ceux qui rêvent de voyager ?

De foncer, et aussi de ne pas s’arrêter dès que l’on manque d’argent !   Beaucoup de gens arrêtent de voyager dès qu’ils ont une galère financière. Alors qu’il y a toujours moyen de se débrouiller et que ce sont ces moments qui amènent aux meilleures aventures.


 Icebergs, Canada


 Machu Pichu, Perou


tour du monde sans argent, ici au salarié de uyuni

Salar de Uyuni, Bolivia


La preuve que le voyage nous change et évolue constamment. Découvertes, rencontres, partage, aventures, dépassement de soi, galères, amours, il y a toute une vie dans un voyage !

J’espère que cette interview vous a plu et vous donnera encore plus envie de voyager, et même peut-être de voyager sans argent pour découvrir le Monde. Et que cela bouleversera aussi quelques idées reçues…

À chacun son voyage. Celui-ci m’impressionne quand même ! 😉


Aucun matos indispensable vu que je pars le plus léger possible ! En plus, si je prends un ordi par exemple, ça m’empêche de dormir dehors… donc c’est la merde..!


C’était le mot de la fin ! Voilà comment il est possible de voyager sans argent, et ce pour une durée indeterminée !

Merci à toi Mathieu ! Et bonne route !


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